Gilles Azzoni-Le raisin et l'Ange

Gilles Azzoni est installé aux Salelles, à St Maurice d'Ibie, depuis novembre 1983, dans une maison protestante, sans doute dotée d'une sorte de vibrato, qui ne laisse personne vraiment indifférent et comme construite autour de ses meubles. C'était la maison de Robert et Lucie, qui reposent d'ailleurs là, tout près, au bout des premiers rangs de vigne. Au départ, 8,5 ha, puis jusqu'à 9 et désormais 6,5 ha, réduction en cours !... Aujourd'hui, il dit être à la fois un agriculteur, un transformateur et un administrateur de son domaine. Et le tout, dans une "très belle imperfection" !... Sa révolution culturelle vers le "tout nature" remonte à l'année 2000.

Le vigneron de l'Ibie est cependant devenu une sorte de référent pour ses confrères de la région, du moins ceux qui ont rejoint, au fil des années, les vallées du Sud-Ardèche et notamment celle, parallèle, de Valvignères, où se trouve Gérald Oustric. Il s'en réjouit vivement et cela lui permet, le cas échéant, de céder quelques arpents à ces jeunes passionnés, qui voient désormais, les rangs des "natures" grossir, pour notre plus grand plaisir : Jérôme Jouret, du Domaine des Clapas et Andréa Calek bien sur, mais aussi Manu Cunin et Vincent Fargier, au Domaine des Deux Terres, ou encore Sylvain Bock et le petit dernier, Greg, qui travaille seul quelques parcelles au cheval et qui devrait produire ses premières quilles en 2011. Référent, mais tenté aussi, par d'autres choses peut-être, interpellé sans doute par la démarche de son fils, qui se tourne vers la production de bière. Il est libre, Gilles!... Comme de passer de l'utilisation de bouchons plastiques aux bouchons portugais bio ou d'un agrément Écocert à Nature et Progrès, depuis novembre 2010.
Gilles Azzoni est aussi volontiers didactique, ce qui nous permet de chasser quelques-unes de nos idées reçues, quant à la production de vins de l'Ardèche, qu'un chanteur célèbre évoquait naguère, en parlant "d'horribles piquettes". Le département est historiquement ancré dans la coopération, mais pas celle de l'Aude ou de l'Hérault, par exemple. Si bien que, la mosaïque de petites exploitations locales n'a jamais eu à subir d'arrachages massifs par le passé. Les seuls connus sont liés aux arrêts d'exploitation ou, éventuellement, à la pression immobilière, à proximité des villages. Des coopératives viticoles ardèchoises qui veulent, comme d'autres, adopter des modèles productivistes, mais ceux-ci se révèlent le plus souvent inadaptés avec la taille et la forme des domaines, sans compter le profil plutôt accidenté du vignoble local.

Tout en appréciant la jolie structure, à la fois gourmande et solide de Hommage à Robert 2010 (60% syrah et 40% grenache) la conversation s'élargit à divers sujets, mais aussi du fait de l'arrivée, en cette fin de matinée, de John Brunton, photo-reporter et chroniqueur vigne et vins pour le célèbre journal anglais, The Guardian, accompagné de Marie Dargent, journaliste et artiste, dont nous avions connaissance de la présence dans la région, puisque, tout au long de la semaine, nos agendas respectifs semblaient se compléter des mêmes noms et des mêmes domaines à visiter, tant à St Marcel d'Ardèche, que Valvignères ou St Maurice d'Ibie.

Fable 2010 (70% syrah et 30% grenache), puis Brân 2010 (assemblage merlot, cabernet et grenache) et la Cuvée S 2007 (100% syrah), issue d'une macération carbonique, se succèdent joliment, en donnant l'impression de leur immédiate accessibilité et d'un potentiel d'évolution, qui nous feraient regretter, certains jours, de les ouvrir. Des vins, des flacons dotés d'une sorte de malice, pour lesquels il faut tenter de se faire les complices!... Je ne sais vraiment pourquoi, mais je me dis alors que j'aurais bien vu Gilles Azzoni, dans une autre vie, acteur du répertoire classique de théâtre, Molière peut-être... Cela est-il inspiré par l'une de ses autres répliques, que l'on peut lire dans Carnet de Vigne n°3 : "On est un peu comme des acteurs. On se nourrit d'applaudissements. C'est un moment formidable de se pencher et de dire merci." En tout cas, Monsieur Azzoni, vos visiteurs, eux, vous disent merci!...

Source http://raisinetlange.canalblog.com/

Gilles Azzoni vinifie dans une petite ferme de la vallée de l’Ibie, coin aussi sauvage que ses vins, non loin des trop fréquentées gorges de l’Ardèche. Un chemin de ronde en bois surplombe quatre hautes cuves, qu’il a voulu baptiser. L’une s’appelle Zola, une autre Brel, la troisième Chaplin, et la dernière Camus. Gilles Azzoni est un vigneron-poète passionné de philosophie, de sociologie. Il a grandi en région parisienne, où la lecture d’un livre sur un marchand de vin l’aurait aiguillé vers une formation professionnelle. A appris la taille en Bourgogne. Après un détour à Bandol (Var), il est rentré vendre du vin à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne) avant de s’installer dans cette charmante fermette. Il veut y faire «les vins [qu’il] aime boire». Désaltérants, pas trop alcoolisés. Il refuse d’y mettre de ce soufre qui permet pourtant de les stabiliser, d’endormir leurs bactéries pour éviter qu’elles ne relancent la fermentation en bouteille. Une pratique plus saine, mais plus difficile à maîtriser. «Il faut aimer le rock and roll», dit-il. Parfois le punk aussi.

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